lundi 9 juin 2025

L'EVALUATION

 

L'EVALUATION
(The Assessment)

Réalisateur : Fleur Fortuné
Année : 2024
Scénariste Nell Garfath Cox, Dave Thomas, John Donnelly
Pays : Angleterre, USA, Allemagne
Genre : Science-fiction, drame
Interdiction : /
Avec : Elizabeth Olsen, Alicia Vikander, Himesh Patel, Minnie Driver...


L'HISTOIRE Dans un futur proche où la parentalité est strictement contrôlée, Mia et Aaryan ont la bonne surprise de voir leur dossier pour avoir un enfant être accepté. Mais pour devenir parent, il leur faudra réussir un test de sept jours, durant lesquels une examinatrice, Virginia, va rester avec eux à chaque moment de la journée et de la nuit, se faisant passer pour un enfant pour voir leur réaction. L'évaluation va rapidement tourner au cauchemar pour le couple...

MON AVIS : Décidément, la question de la parentalité dans un monde futuriste est à la mode en ce moment. En 2023, le couple Emilia ClarkeChiwetel Ejiofor était déjà confronté à cette question dans The Pod Génération. En 2024, c'est Elizabeth Olsen / Himesh Patel qui se voit à leur tour confronter à cette thématique dans L'évaluation, premier film de la Française Fleur Fortuné. Dans les deux cas, ce qui doit logiquement être une source de bonheur, à savoir accueillir prochainement un enfant au sein de sa famille, va devenir un cauchemar pour le couple, fragilisant ce dernier jusqu'au point de rupture. Dans les deux cas, on nous présente un avenir peu réjouissant, avec une ambiance qui lorgne vers la série-télévisée Black Mirror. Si The Pod Génération conservait toutefois une approche comédie de science-fiction romantique à travers son sujet, L'évaluation offre de la science-fiction réflexive dépressive, qui plombe le moral, à l'image de ses deux protagonoistes qui vont en voir de toutes les couleurs. Les années 70 proposaient déjà ce type de S-F, on pense à des films tel L'âge de cristal, Génération Proteus, Soleil Vert, Population Zéro ou Silent Running par exemple, des dystopies nihilistes qui ne font guère sourires et ne donnent pas une vision très optimiste de l'avenir. A travers cette évaluation, la réalisatrice traite des difficultés à devenir parent, à gérer cette intrusion d'un nouvel élément au sein d'un couple, intrusion qui chamboule le quotidien et qui peut se révéler une redoutable épreuve pour ceux qui ne sont pas prêt à faire des sacrifices vis à vis de leur vie d'avant. Alicia Vikander interprète l'examinatrice Virginia, qui va donc, durant sept jours, se faire passer pour un bébé ou un jeune enfant, enchaînant les bétises pour pousser le couple dans ses derniers retranchements. La vie privée du couple va totalement disparaître une fois Virginia sur place : aucune intimité, même durant une relation sexuelle ; comportement colérique de l'enfant, pour voir la réaction des parents et leur capacité à gérer les situations difficiles et j'en passe, l'évaluation vire au cauchemar pour les futurs parents, qui voient leur couple se fragiliser, s'ébrêcher jour après jour. Les failles sont mises à nu, implacables et le malaise s'installe durablement, autant pour les protagonistes que pour les spectateurs, malmenés par les images et l'ambiance oppressante du film. Les séquences dans lesquelles Alicia Vikander joue à être une enfant capricieuse sont perturbantes et amènent le film dans une sorte d'absurdité visuelle, qui déstabilise et interroge. On se croirait dans un délire à la Mother! de Darren Aronofsky, où tout part en vrille et où tout est fait pour maltraîter, bousculer le public, lui faire perdre ses repères et l'amener dans un univers perturbant et perturbé, sous couvert d'une allégorie sociétale (pourquoi vouloir un enfant, telle est la question que pose le film), teintée de questions écologiques dans le cas de L'évaluation. Si la prestation du casting est très bonne, Elizabeth Olsen et Alicia Vikander surnageant au dessus du reste, il n'en reste que le film de Fleur Fortuné demande un effort, tant il s'éloigne du simple divertissement du samedi soir. Souvent contemplatif, très minimaliste, traité à la manière d'un huis-clos, avec parfois quelques scènes extérieures tout de même, il reste assez difficile d'accès et ne donne pas vraiment envie d'être parent dans ce type de futur post-apocalyptique. Visuellement, il est très travaillé, normal pour une réalisatrice qui vient du monde des clips-vidéos. Intrigant, posant des questions intéressantes sur l'humanité elle-même, source de sa propre destruction. Une expérience à part. 

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire